(Ottawa, Ontario – le 25 janvier 2019) – Dans une déclaration commune, plusieurs organisations antidopage nationales (ONAD), dont le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES), ont réagi à la décision de l’Agence mondiale antidopage (AMA) de maintenir le statut de conformité de l’Agence antidopage de Russie (RUSADA).
Un nouveau chapitre s’ouvre dans la saga du dopage d’État
Les dirigeants des ONAD ont pris connaissance du communiqué du 22 janvier 2019 de l’AMA concernant le maintien du statut de conformité de RUSADA.
Tous s’entendent pour dire que l’accès aux données du Système de gestion de l’information des laboratoires (SGIL) du laboratoire de Moscou est un pas important dans la bonne direction. Or, l’accès aux données et aux échantillons est une obligation en vigueur depuis 18 mois. Leur obtention par l’AMA et la collaboration de RUSADA doivent donc être saluées, mais il est encore trop tôt pour célébrer. Les dirigeants de l’AMA ne doivent ni tourner la page ni crier victoire : leur récente décision ne fait qu’ouvrir un nouveau chapitre dans la triste saga du dopage d’État.
Il faudra d’abord des mois pour vérifier l’intégrité des données transmises. D’autres analyses d’échantillons pourraient ensuite être requises avant d’entamer une procédure contre un athlète – tout ceci alors que la date limite officielle est fixée au 30 juin 2019. Entretemps, la Russie continue de se porter candidate pour accueillir des événements internationaux comme les Jeux olympiques de la jeunesse 2024, ce qui lui serait défendu en cas de non-conformité.
Nous devons aux athlètes propres, dont ceux de la Russie, d’identifier et de sanctionner tout athlète qui aurait enfreint les règles antidopage, qu’il soit toujours actif ou non. Les dirigeants des ONAD pensent également que punir les athlètes impliqués ne suffit pas : tout devrait être mis en œuvre pour traduire les conspirateurs en justice.
La vigilance reste de mise
L’AMA a décidé d’abolir la Feuille de route vers la conformité de RUSADA, qui détournait l’attention du réel coupable (un complexe système de dopage d’État) et de ses vraies victimes (le sport propre et les athlètes, qui ont souffert des manigances de la Russie). Cependant, n’oublions pas que tout ceci est une façade. Même si l’AMA et le CIO voudraient nous faire croire que tout cela est derrière nous, la rigueur nous interdit de mordre à l’hameçon.
- Il faudrait utiliser un autre terme que « non-conformité », trop faible pour rendre compte de ce qui s’est passé.
- L’examen exhaustif de l’authenticité et de l’intégrité des données du laboratoire russe doit être mené par des experts indépendants. Toute preuve de falsification doit être dûment consignée, rapportée et sanctionnée.
- Une fois vérifiées, les données doivent être soigneusement analysées pour que soit relevé tout élément suspect ou toute violation des règles antidopage.
- Pour que chaque violation fasse l’objet d’une action en justice, il faut mobiliser l’organisme de gestion des résultats approprié.
- L’AMA doit effectuer un suivi serré de la gestion des résultats pour s’assurer que chaque violation fait l’objet d’une action en justice, et pour demander des explications si l’organisme concerné n’intente pas une telle action. Tous les signataires du Code doivent respecter leurs obligations, à défaut de quoi ils s’exposent aux conséquences prévues.
- La Russie devrait être sommée de rembourser à l’AMA, d’ici le 30 juin 2019, toutes les dépenses que celle-ci a consacrées à la crise du dopage d’État, révélée pour la première fois lors de l’enquête de Richard Pound.
- Il faut réagir immédiatement à toute tentative de perturber le cours de l’enquête, à la lumière de ce que nous a appris le Comité de révision de la conformité.
- Un examen indépendant doit permettre de tirer des leçons de cette crise pour éviter qu’une telle situation se reproduise.
Tout au long de cette épreuve, les dirigeants des ONAD ont réitéré à la communauté mondiale des athlètes leur engagement inébranlable envers le sport propre. Cet engagement demeure inflexible. Il reste encore beaucoup à faire avant de tirer le rideau sur le plus grand scandale de dopage de l’histoire.
La présente déclaration a reçu l’appui des organisations nationales antidopage des pays suivants : Canada, Danemark, Finlande, Allemagne, Irlande, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège, Pologne, Singapour, Suède, Suisse et États-Unis.
À propos du CCES
Le CCES est l’organisme national indépendant et à but non lucratif responsable de l’administration du Programme canadien antidopage. Nous reconnaissons que le sport sain peut faire une grande différence pour les individus, les collectivités et notre pays. Le CCES reconnaît être subventionné en partie par le Gouvernement du Canada. Nous avons pris l’engagement de travailler de façon collaborative pour engendrer un système sportif basé sur des valeurs et animé par des principes; de protéger l’intégrité du sport des forces négatives du dopage et d’autres menaces non éthiques; de défendre le sport juste, sécuritaire et ouvert à tous.
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