Le passeport biologique de l’athlète est une nouvelle avancée innovatrice dans la lutte contre le dopage. En étroite collaboration avec l’Agence mondiale antidopage (AMA) et ses partenaires canadiens dans le sport, le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES) vient d’entreprendre la mise en œuvre du programme du Passeport biologique de l’athlète (PBA) au Canada.
Le passeport marque un tournant décisif dans la lutte antidopage et s’inscrit dans les efforts continus en vue d’éradiquer le dopage dans le sport canadien.
Cette approche antidopage innove comme suit :
- Elle s’inspire de nouvelles méthodes scientifiques de dépistage indirect;
- Elle fait appel à des outils statistiques pour en interpréter les résultats;
- Elle s’appuie sur des contrôles effectués au fil du temps pour établir un profil longitudinal et établir ainsi pour chaque athlète des valeurs de référence spécifiques des variables biologiques de l’urine et du sang.
Le principe fondamental du PBA est le suivi de variables biologiques sélectionnées qui révèlent indirectement les effets du dopage, par opposition à la détection directe traditionnelle du dopage. La traçabilité biologique durant toute la carrière d'un athlète devrait rendre les préparations interdites beaucoup plus délicates à mettre en œuvre étant donné que les variables qui sont uniques à l’athlète révéleraient l’usage d’une substance ou d’une méthode interdite.
Le PBA est le dossier électronique des caractéristiques biologiques d’un athlète donné établies au fil du temps à partir de la collecte de multiples échantillons. Au lieu des approches conventionnels qui consistent à des essais en discontinu, et à analyser un échantillon à la fois et à rechercher des écarts anormaux des composantes biologiques ou la présence chimique directe d’agents dopants connus, le PBA permet aux experts d’obtenir une vue d’ensemble et de distinguer tout écart par rapport au profil normal de l’athlète établi à partir de multiples contrôles échelonnés dans le temps même si la substance ou la méthode dopante demeure inconnue.
Le PBA sera utilisé pour atteindre un double objectif : dépister les violations éventuelles aux règlements antidopage du Programme canadien antidopage (PCA) et permettre un ciblage plus intelligent des athlètes dans le cadre des contrôles de dopage conventionnels.
Oui et non. Le CCES entend axer ses efforts sur le ciblage intelligent des contrôles. En analysant soigneusement les données recueillies à partir des échantillons d’urine et de sang des athlètes, nous serons plus efficaces en nous concentrant sur les sports et les athlètes jugés plus à risque. Davantage de contrôles seront réalisés dans ces sports et auprès des athlètes qui les pratiquent. Le CCES compte collaborer plus étroitement avec les autres fédérations sportives internationales et les autres organisations nationales antidopage à une planification plus efficace de ses missions de contrôle.
Les athlètes doivent savoir qu’ils peuvent se voir demander de fournir un échantillon de sang ou d’urine en tout temps et en tout lieu durant l’année. Les échantillons de sang et d’urine peuvent être recueillis avant ou après une compétition, durant leur préparation/les périodes d’entraînement ou durant des périodes hors compétition. Si l’athlète vient de s’exercer, de s’entraîner ou de prendre part à une épreuve compétitive au cours des deux dernières heures, il devra attendre que deux heures se soient écoulées avant de fournir un échantillon de sang aux fins du programme de PBA. Cette période d’attente vise à assurer le plus haut niveau d’uniformité des valeurs des variables sanguines recueillies au fil du temps.
Tous les échantillons seront prélevés par des agents de prélèvement sanguin autorisés par le CCES. Les agents de prélèvement sanguin ont les qualifications requises et sont accrédités auprès du CCES.
Non. Les analyses d’urine et de sang standards, qui sont en réalité des analyses toxicologiques, seront maintenues et améliorées grâce à des méthodes analytiques toujours plus sophistiquées, mais elles seront toujours davantage combinées à des outils tels que le suivi biologique. La lutte contre le dopage repose sur plusieurs stratégies comprenant le contrôle direct des athlètes, mais aussi sur des preuves réunies dans le contexte de violations des règles antidopage sans contrôle positif. En combinant ces stratégies, et en en développant d'autres pour répondre aux menaces émergentes, la lutte contre le dopage gagne en efficacité.
Suivant l’approche conventionnelle, la majorité des organisations antidopage accorde une importance considérable (mais non exclusive) aux résultats d’analyse anormaux (voir les articles 7.23 à 7.27 du PCA). Cette approche directe dépend de l’identification de nouvelles substances interdites et le développement de méthodes d’analyse pour les dépister. Une approche indirecte telle le programme PBA tout en étant assujettie à la même rigueur scientifique réduira l’urgence de nouveaux tests d’analyse, permettra de dépister le dopage pendant que ces nouveaux tests sont en voie de développement et ajoutera à l’effet dissuasif des contrôles.
En vertu du programme PBA, une fois que la preuve est accumulée à un certain niveau de certitude (la quantité suffisante de données sera établie en consultation avec des experts scientifiques), il sera possible de mettre en branle la procédure disciplinaire à l’encontre d’un athlète pour une violation aux règles antidopage en vertu des articles 7.28 à 7.30 (Usage ou tentative d’usage) du PCA.
Le raisonnement statistique à l’origine du programme PBA est que les données provenant d’échantillons antérieures prédiront les limites du profil des futurs échantillons. Autrement dit, les résultats biologiques obtenus au fil du temps confirmeront le niveau de référence d’un athlète.
Si les données analytiques d’un échantillon diffèrent considérablement du niveau de référence d’un athlète, cette valeur anormale d’un marqueur pourra indiquer un signe de dopage ou un problème pathologique.
Tous les règlements se rapportant à la localisation des athlètes et les conséquences qui découlent de leur non-respect seront exactement les mêmes que dans le cas de tous les autres prélèvements d’échantillons aux fins de contrôle du dopage.
L’AMA a établi cette exigence par suite d’une consultation auprès d’un ensemble d’experts. Ce délai permet de s’assurer que les athlètes se trouvent dans un « état stable » sur le plan physiologique au moment du prélèvement de l’échantillon. Nous allons tâcher autant que possible d’éviter cette période d’attente de deux heures en utilisant les informations sur la localisation de l’athlète. Le fait d’actualiser l’information sur votre localisation, y compris celle sur vos activités d’entraînement nous aidera à planifier les prélèvements d’échantillons et à éviter, autant que faire se peut, de tels scénarios et périodes d’attente. La quantité de sang prélevée (6ml) ne devrait pas nuire à aucune forme d’entraînement. Les athlètes ne s’entraînent pas continuellement et il ne devrait pas être difficile de procéder à des contrôles PBA périodiquement.
Le PCA autorise à la fois les contrôles inopinés ou sans préavis et les contrôle avec préavis. Le prélèvement d’un échantillon sanguin pourra se faire avec ou sans préavis. Cependant, la majorité des contrôles du programme PBA se feront sans préavis.
Le CCES aura accès à ces profils par l’entremise d’ADAMS. Le CCES partagera ces informations exclusivement avec son groupe d’experts constitué à cette fin et conformément aux exigences de l’AMA, et dans certains cas spéciaux, avec des fédérations sportives internationales dont le fonctionnement est conforme au programme du PBA et qui appliquent les standards de confidentialité de l’AMA. Cependant, nous ne partagerons pas ces profils avec les organismes nationaux de sport.
Les athlètes pourront également avoir accès à leurs propres données par l’entremise d’ADAMS. Si les athlètes ne voient pas leurs données immédiatement dans ADAMS, ils n’ont pas à s’en inquiéter pour autant parce qu’il pourrait y avoir certains délais d’affichage dans ADAMS. Les athlètes sont cependant libres de partager ces données avec d’autres personnes et cela ne posera pas de problème.
La confidentialité de ces données sera traitée de la même manière que les données confidentielles rattachées à tout autre contrôle antidopage ou demande d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques.
Non. Il reviendra au CCES de déterminer quel type d’échantillon sera recueilli; et cela pourra être un échantillon de sang, un échantillon d’urine ou les deux.