EVOLVE : le changement de culture d’une organisation

25 novembre 2021

Par Karri Dawson, Directrice principale, Sport de qualité, CCES

Tout le monde s’entend pour dire qu’il est grand temps qu’un vent de changement souffle sur la culture du sport afin de mettre fin à la maltraitance. Cette poussée vers un sport sécuritaire se fait attendre depuis des années, mais sera-t-elle suffisante pour tirer pleinement parti du sport sain? Fera-t-elle en sorte qu’il forme le caractère, renforce les communautés et favorise la poursuite de l’excellence?

S’il est vrai que des politiques pour le sport sécuritaire sont une excellente première étape, un véritable changement de culture est une démarche de longue haleine qui requiert une participation active de tous les leaders et participants. Afin de comprendre les défis culturels et organisationnels auxquels elle est confrontée, British Columbia Artistic Swimming (BCAS) a tenu des consultations avec ses membres. Il en est ressorti qu’une culture malsaine épuisait les entraîneurs, nuisait à la rétention, minait le moral et générait des conflits à tous les échelons de l’organisation. À la suite de ces résultats, BCAS a lancé en avril 2020 un partenariat novateur avec le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES) grâce au fonds d’innovation de Sport Canada.

Nommé « EVOLVE », ce projet visait à transformer le milieu de la natation artistique en Colombie-Britannique en adoptant une culture saine, collaborative, inclusive et propice à l’autoréflexion qui favorise l’épanouissement des enfants, des jeunes, des participants, des employés et des bénévoles. Ce projet inédit se divisait en trois grands volets : l’évaluation des défis auxquels est confronté le sport, la formation et le perfectionnement des dirigeants sportifs sur les stratégies efficaces de communication et de résolution des conflits, et une enquête structurée visant à évaluer l’incidence du programme.

Le cadre d’EVOLVE reposait sur le principe fondamental qu’un changement de culture passe avant tout par les personnes. Ce changement repose donc sur une prise de conscience par les dirigeants sportifs de leurs apports individuels et collectifs à la culture, qu’ils soient positifs ou négatifs. Dans le cadre de ce projet pilote de 18 mois, des entraîneurs, des dirigeants de clubs, des athlètes ainsi que des membres du conseil d’administration et du personnel de BCAS se sont réunis pour développer de nouvelles et meilleures relations, résoudre des problèmes et collaborer avec un grand C, le tout afin de favoriser une meilleure culture dans leur sport.

EVOLVE se voulait un projet tentaculaire dont les ressources et les composantes de formation et de renforcement des compétences visaient à favoriser le changement dans cinq domaines  :

  • le développement organisationnel;
  • les communications interpersonnelles et la gestion des conflits;
  • les stratégies d’entraînement positif;
  • la création de milieux sécuritaires, inclusifs et accueillants;
  • la mise en commun des apprentissages et la collaboration.

Une fois que la BCAS a trouvé des solutions aux défis recensés, elle devait renforcer les capacités de ses dirigeants à mettre en place des expériences sportives fondées sur des valeurs qui favoriseraient un changement culturel durable. C’est là que Sport pur est entré en jeu. Cette initiative du CCES se veut une approche axée sur des valeurs et reposant sur sept principes.

La BCAS a vu en Sport pur un cadre pour la sensibilisation, la formation et l’engagement de ses membres, mais aussi une initiative qui reflète un désir affirmé de réduire au maximum les comportements dommageables dans le sport et d’encourager l’excellence. Pendant le projet pilote, le personnel de BCAS a tenu un atelier d’activation Sport pur, qui a mené à la création à une matrice d’activation Sport pur pour l’organisation. Cette matrice met en relief quelques groupes prioritaires et répertorie les outils et ressources Sport pur utiles pour chacun. De plus, BCAS a organisé de multiples séances d’engagement Sport pur à l’intention des entraîneurs et des dirigeants sportifs pour leur apprendre à intégrer sciemment les Principes Sport pur dans leurs clubs.

Le volet « évaluation » d’EVOLVE était très important. Reconnaissant que la culture évolue au fil du temps, la chercheuse Diane Culver de l’Université d’Ottawa et son équipe ont conclu que même s’il y a encore du travail à faire, EVOLVE « a initié d’importantes conversations au sein de BCAS sur la nécessité de créer un environnement sûr et inclusif pour ses membres et leur entourage », et que s’il y a « une prise de conscience des changements qui doivent être effectués, celle-ci ne s’est généralement pas encore traduite par des actions mesurables. » Une autre conclusion du rapport d’évaluation est que pour qu’un changement se produise, les interventions doivent être soutenues dans le temps, mais que BCAS devrait considérer ce projet comme un grand pas vers un véritable changement de culture.

Le rapport indique aussi que les interventions faites dans le cadre du projet :

  • ont aidé les entraîneurs (70 %) et les administrateurs de clubs (100 %) à mieux communiquer;
  • ont aidé les entraîneurs (70 %) et les administrateurs de clubs (100 %) à mieux gérer les conflits et les problèmes;
  • ont aidé les entraîneurs (100 %) et les administrateurs de clubs (100 %) à faire usage de pratiques d’entraînement positives;
  • ont aidé les entraîneurs (100 %) et les administrateurs de clubs (100 %) à créer un milieu équitable, sécuritaire, ouvert et inclusif pour leurs athlètes.

Je suis estomaquée de voir ce que BCAS a réussi à accomplir en seulement 18 mois. La culture du sport est en constante mutation, mais quand je vois ce qu’une organisation peut accomplir quand tout le monde rame dans la même direction, j’ai bon espoir. Nous sommes reconnaissants envers tous ceux qui ont pris part à des conversations difficiles, mais stimulantes, qui ont mis leurs compétences à l’épreuve et qui se sont engagés dans un changement durable au sein de la grande famille de BCAS.


Jennifer Keith, directrice générale de la BCAS a un conseil pour les autres organisations souhaitant entreprendre une démarche similaire :

  • « Avant de vous lancer dans un grand chantier de changement, sondez vos membres et assurez-vous de bien comprendre les facteurs qui facilitent votre culture actuelle.
  • Soyez patients. Il y aura les gens qui attendent ce moment depuis longtemps, mais aussi ceux qui ne veulent pas de changement, ou qui font partie du problème et qui ne le savent pas.
  • Faites appel à des experts, notamment en changement organisationnel ou en comportement. Au besoin, ayez recours à des psychologues pour aider les personnes à travailler sur leurs problèmes personnels. Vos dirigeants sportifs n’auront pas la capacité de résoudre ou même de reconnaître tous les problèmes.
  • Favorisez l’introspection personnelle ET professionnelle. Soyez ouvert aux critiques et prêt à accepter des recommandations sur la façon de diriger.
  • Soyez prêt à mettre le temps qu’il faut pour (re)construire des relations, donner la parole à ceux qui veulent être entendus et créer de nouveaux moyens de développer la confiance et la transparence.
  • Établissez vos priorités et trouvez des façons d’intégrer des apprentissages ou des activités de gestion du changement à votre programmation habituelle.
  • Peu importe le problème, l’union fait la force : l’approche collaborative, même si elle est plus longue, est essentielle pour en arriver à un consensus.

Pour découvrir comment améliorer la culture dans votre organisme ou adopter une approche axée sur des valeurs dans votre sport, communiquez avec l’équipe Sport pur du CCES à [email protected].

 

Ce projet a été rendurendu possible grâce au gouvernement du Canada.

Canada

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