Quand le sport s’égare…

10 novembre 2011

Le scandale d’abus sexuel de jeunes garçons qui secoue actuellement Penn State University nous sert une importante leçon sur les conséquences tragiques qui peuvent se produire quand le sport s’égare. Ce qui est arrivé à ces jeunes garçons ne s’est pas produit sur l’aire de jeu; mais ce qui est arrivé à ces jeunes garçons s’est très certainement produit dans le sport et à cause du sport.

Le sport, croyons-nous, possède un pouvoir incroyable de générer des bienfaits positifs pour les personnes et les collectivités. Mais, plus nous arrivons à comprendre ce qui se passe, nous constatons que ces bienfaits ne se produisent pas dans n’importe quel sport tout simplement; ils se produisent dans le sport sain, le sport que nous en sommes venus à appeler le « Sport pur ».  

Dans le « Sport pur », nos politiques, nos programmes et nos pratiques de sport sont en conformité avec un ensemble de principes; des principes qu’en tant que nation, nous avons affirmé tenir à ce qu’ils animent notre sport. Ces principes, qui incluent de manière absolue la volonté d’être les meilleurs, l’effort vers l’excellence, l’intention de donner à chacun tout ce qu’il faut sur le terrain pour gagner, incluent aussi ceux de jouer selon les règles, d’avoir du plaisir, de respecter les autres, de jouer de façon sécuritaire et de donner en retour. Quand il arrive dans nos communautés que le sport viole l’un de ces principes, que ce soit pour gagner à tout prix ou pour toute autre raison, nous privons le sport de son pouvoir de produire des bienfaits positifs.

Par exemple, quand des athlètes trichent en se dopant dans le but d’obtenir un avantage qui les aidera, eux ou leur équipe, à gagner, ils violent les principes d’équité, de sécurité et de respect. Le monde cycliste ne connaît que trop bien à quel point cela a pu nuire au cyclisme et, malheureusement, le temps révélera les conséquences pour la santé que subiront les athlètes qui ont fait l’expérience de ces pratiques dangereuses.

Ce que nous constatons dans le sport, qu’il s’agisse de dopage, de violence, de harcèlement ou d’abus sexuel, c’est que, parfois, certaines personnes perdent leur sens moral. Leurs valeurs et leurs priorités s’emmêlent. Leur engagement dans le sport, et leur conviction selon laquelle le sport n’est qu’affaire de victoire, obnubilent leur pensée et faussent leur jugement.

Comment tout ceci a-t-il un rapport avec le scandale d’abus sexuel qui secoue Penn State University? Les accusations portées contre Jerry Sandusky, l’entraîneur adjoint de longue date de Joe Paterno, révèlent que les abus allégués se sont étendus sur une période de plus de 15 ans. On a laissé entendre que les allégations d’abus remontaient aussi loin qu’à l’année 1998 et, à nouveau, à l’année 2002; des allégations soumises à des personnes en situation de pouvoir qui auraient pu faire quelque chose à leur sujet. Mais, les deux fois, rien n’a été fait à propos de ces allégations. La question est : pourquoi? Comme pour d’autres cas similaires avant celui-ci, une culture du « je n’entends rien, je ne vois rien, je ne parle de rien » enveloppe ceux qui sont impliqués. Leur capacité de percevoir clairement  la bonne chose à faire est obscurcie par les intérêts personnels et les intérêts de la compétition. Dans le cas présent, ces intérêts étaient directement reliés au programme de football de Penn State University. Des personnes ont fait passer les intérêts du programme de football et de l’Université devant la sécurité et le bien-être d’un certain nombre de jeunes garçons.            

Aujourd’hui, nous pouvons tous constater à quel point ces gens avaient tort. Mais, d’une manière ou d’une autre, au beau milieu du développement d’un programme gagnant de football, de la promotion de la marque des « Nittany Lions » et de la quête de revenus pour l’université, ceux qui occupaient des postes de pouvoir ne le pouvaient pas. Ils se sont égarés et les conséquences de leur inaction ont engendré des effets négatifs durables pour ces garçons, qu’ils auraient dû protéger, et pour le programme de football et l’université, qu’ils cherchaient à protéger à mauvais escient. Nous souhaitons tous que ces actions nocives n’avaient pas été faites à ces jeunes garçons innocents et sans défenses.  Nous comprenons que les dommages seront toujours permanent – ils ne pourront être défait.  Cependant, même si ces dommages ne peuvent êtres renversés, l’Université peut prévenir des torts supplémentaires avec des mesures rapides et transparentes.  Espérons que le jugement de l’Université n’est pas influencé cette foi par un intérêt personnel, un intérêt pour « protéger » le sport et  l’école, et que l’Université ne s’égare pas cette fois.