N’éliminons pas le sport organisé des écoles publiques

19 décembre 2019

Par Jeremy Luke, directeur principal, Intégrité du sport, Centre canadien pour l'éthique dans le sport

J’ai grandi dans une petite ville où le seul endroit où l’on pouvait pratiquer un sport organisé – compétitif ou intramuros – était l’école. Notre ville avait peu de ligues sportives ou d'autres opportunités, et j’imagine que c’est encore le cas un peu partout en Ontario.

Malgré tout, je garde du sport organisé un très beau souvenir. J’ai eu d’excellents entraîneurs, dont plusieurs étaient aussi mes enseignants; pour nous donner une expérience sportive de qualité, ils ne comptaient pas leurs heures. C’est grâce à eux que je reconnais l’importance du sport organisé dans l’éducation publique. Il permet d’abord à plus d’enfants d’avoir accès à un sport, indépendamment de leur situation socioéconomique ou géographique. Ensuite, on y retrouve des éducateurs certifiés (à titre d’entraîneurs ou de superviseurs d’entraîneurs bénévoles). Enfin, d’un point de vue social, il renforce le désir d’aller à l’école (et d’y rester) et le sentiment d’appartenance.

C’est pour toutes ces raisons que mes deux enfants s’impliquent activement dans les sports de leur école. Malheureusement, un différend opposant le gouvernement de l’Ontario et le syndicat des enseignants pourrait entraîner une grève du zèle des enseignants, et par ricochet la suspension des programmes sportifs, des activités parascolaires souvent encadrées bénévolement par des enseignants en plus de leur charge normale de travail.

Petite précision : je ne prends le parti ni du gouvernement ni des enseignants. Je veux simplement souligner que le sport parascolaire devrait être une composante obligatoire de l’enseignement public, et que nous devrions rémunérer les enseignants en conséquence. Le sport en milieu scolaire est beaucoup trop précieux pour dépendre de la volonté d’enseignants capables de donner de leur temps et expertise.

Vous pourriez avancer que le coût de l’éducation augmente et qu’un moyen de limiter cette hausse est de financer le sport autrement. Je n’y crois pas. Je pense que plus les jeunes ont l’occasion de faire du sport, mieux c’est.

Le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES) a commandé une étude sur les bienfaits du sport pour la société (L’influence du sport : le rapport Sport pur). Nous connaissons tous ses bienfaits directs pour la santé, mais saviez-vous qu’il peut réduire les comportements à risque chez les jeunes comme le tabagisme (et probablement le vapotage), la consommation de drogues, l’activité sexuelle et les comportements antisociaux? Le sport favorise aussi la réussite scolaire en améliorant la concentration, la créativité, la mémoire et les aptitudes à la résolution de problèmes. Les filles en retirent des avantages supplémentaires, comme un plus grand sentiment d’autonomie et de plus faibles niveaux d’anxiété et de dépression. À l’extérieur de l’école, les enfants sportifs affichent un plus faible taux de criminalité.

Selon moi, les économies associées à la réduction des problèmes de santé, de l’échec scolaire et de la criminalité chez les jeunes couvrent largement la hausse des coûts associés au sport et à la rémunération adéquate des enseignants-entraîneurs dans un cadre d’enseignement public. Quelle que soit votre opinion sur le différend entre le gouvernement et les enseignants, trouvons un moyen d’assurer la pérennité du sport dans nos écoles publiques!