Le sport que nous voulons place les valeurs d’abord

28 mars 2017

Le scandale d’abus sexuel d’enfants à Penn State est de retour dans l’actualité à la suite de la récente condamnation de l’ancien président de l’université. Un jury a trouvé Graham Spanier coupable d’un chef d’accusation de délit de mise en danger d’enfant passible de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 10 000 $. M. Spanier a maintenu qu’il était innocent et son avocat prévoit en appeler du verdict.

Cette affaire survient à la suite de la condamnation en 2012 de Jerry Sandusky, un ancien entraîneur de football adjoint du légendaire Joe Paterno, l’entraîneur ayant remporté le plus de victoires dans le football collégial majeur des États-Unis. Dans l’un des pires cas du genre, Sandusky a été trouvé coupable d’abus sexuels sur dix jeunes garçons et condamné à une longue peine de prison. Les retombées se sont fait sentir immédiatement et se poursuivent encore aujourd’hui.

L’entraîneur Paterno a été congédié et est décédé peu après. Tim Curley, le directeur des sports, et Gary Schultz, un vice-président principal, ont été forcés de démissionner.

Un rapport récent paru dans le New York Times notait que « les circonstances à Penn State distinguent de loin cette affaire des autres cas d’agression sexuelle sur les campus : le cas de Penn State implique l’abus d’enfants, un programme de sports reconnu à l’échelle nationale et la déchéance de M. Paterno. Et les poursuites criminelles qui en ont résulté, non seulement contre l’agresseur, mais contre les administrateurs accusés d’avoir camouflé ses crimes, sont sans équivalent de mémoire récente ».

Dans une déclaration publiée après le verdict de Spanier, Penn State a reconnu que les anciens dirigeants  « ont failli à la tâche ». L’université a poursuivi en disant : « … bien que nous ne puissions refaire le passé, nous avons réitéré notre engagement et celui de l’université à toujours agir selon le plus haut niveau d’intégrité en affirmant les valeurs partagées de notre communauté. »

Ces affirmations sont louables, mais je me sens moi-même de plus en plus frustré par une tendance récurrente à engager une action concrète seulement après une crise et seulement après qu’une organisation ait été forcée de réfléchir sur ses valeurs fondamentales.

Penn State a maintenant la partie belle – après la démission des entraîneurs et des administrateurs seniors – mais où étaient ces valeurs il y a quelques années quand les soupçons d’abus d’enfants ont été ignorés?

Si nous réfléchissons plus largement aux comportements contraires à l’éthique dans le sport – depuis le dopage à la violence excessive, depuis la manipulation de matchs aux débordements des spectateurs, – tous ces écarts s’enracinent dans le défaut de notre système sportif d’être le modèle du genre de comportements fondés sur des valeurs que nous prétendons être au cœur de l’expérience sportive.

La vérité, c’est que les athlètes – particulièrement les jeunes athlètes – se voient promettre un cheminement sportif rempli de plaisir, d’équité, de soutien et de respect. Mais trop souvent, ils font l’expérience de quelque chose d’entièrement différent dans un système sportif qui n’a pas livré de façon délibérée une expérience fondée sur les valeurs que nous proclamons comme fondamentales pour le sport que nous voulons.

Ceci soulève la question : pourquoi les dirigeants du sport ne font-ils pas le travail en amont nécessaire pour faire en sorte que le système sportif  incarne les valeurs et les principes que nous prétendons être au cœur de ce que nous faisons?

Admettons-le. S’attaquer aux causes profondes de ces épineux problèmes est un travail difficile. Les résultats sont longs à obtenir et, d’habitude, ne se matérialisent pas avant une ou deux générations. Un changement de culture requiert beaucoup de patience, d’apprentissage continu, de prise de risque prudent et une détermination à toute épreuve d’être fidèles à vos valeurs et à poser les bons gestes. L’approche en réaction que nous voyons si souvent de nos jours est plutôt la manière de prendre le chemin le plus facile.

En tant que secteur du sport qui fait face à un déclin continu des inscriptions et à des taux d’abandon sans cesse croissants, sommes-nous disposés à assumer un leadership solide et à nous attaquer aux causes profondes d’un sport contraire à l’éthique? Ou allons-nous continuer à opter pour le statu quo et à nous préparer à faire face à des histoires encore plus tragiques?

Le moment est sûrement venu de nous engager – en tant que secteur – à faire passer les valeurs en premier. Faisons des vraies valeurs et des principes directeurs solides le fondement du sport canadien.