Le « non » de Calgary et le grand chantier devant nous

30 novembre 2018

Par Paul Melia, Président et directeur général du CCES

Non : ce fut la réponse de la majorité des Calgariens qui ont voté lors du récent référendum sur la tenue des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver en 2026. Comme tant d’autres passionnés de sport au pays, j’essaie encore de comprendre ce résultat. Voici ce que j’en pense.

Je ne crois pas que ce non doive être perçu comme un rejet de nos athlètes olympiques et paralympiques qui, depuis longtemps, représentent le Canada avec tant de fierté. Je ne crois pas qu’il s’agisse d’un rejet de nos formidables organismes nationaux qui offrent à nos jeunes athlètes des occasions d’exceller, ou de nos gouvernements qui, à tous les paliers, financent généreusement le sport. Enfin, je suis convaincu que le vote des Calgariens n’est pas un désaveu de notre système sportif axé sur des valeurs et des principes, et qui est un bien public si précieux.    

Pourquoi ce non, alors?

L’explication la plus courante, c’est que les Jeux olympiques et paralympiques coûtent beaucoup trop cher et que rien ne pouvait garantir le respect d’un budget raisonnable. À mon avis, ce n’est qu’une partie de l’équation. Les Calgariens ont voté non afin de ne pas devenir les complices d’un Comité international olympique pour qui l’appât du gain l’emporte toujours sur les principes. Ils ont voté contre ce CIO qui refuse de payer ses athlètes, même s’ils lui rapportent des milliards de dollars. Contre ce CIO qui a décidé de faire l’autruche pendant que le plus grand scandale de dopage de l’histoire se déroulait en Russie. Contre des entreprises commanditaires qui, par leur silence, continuent de cautionner ce qu’est devenu le CIO. En d’autres mots, ils ont voté contre un CIO qui ne représente aucunement les valeurs des Canadiens.

À partir de là, que doivent faire les passionnés de sport?

Le Canada devra travailler plus fort que jamais pour réussir à transformer la communauté sportive internationale. Nous devrons nous tenir debout devant celle-ci, en dénonçant la corruption et la cupidité qui la grugent et en nous assurant d’être entendus. Nos valeurs et principes doivent toujours nous guider. Nous ne pouvons pas cesser de militer parce que nous espérons tenir de grands jeux à l’avenir. Je lève mon chapeau à ceux qui ont soutenu publiquement l’une de nos championnes olympiques pendant qu’on tentait de l’intimider sur la scène mondiale. Les autres, ceux qui n’ont rien dit de peur de compromettre leur relation avec une fédération internationale? Ils me déçoivent. Nous ne pouvons pas nous taire par crainte de froisser un commanditaire.

Le temps est venu de définir ce à quoi doit ressembler une image de marque olympique revue et améliorée. Le temps est venu d’attirer de nouvelles entreprises partenaires qui reflèteront ces nouvelles valeurs et demanderont des comptes au CIO. Le temps est venu d’exiger que les athlètes soient rémunérés à leur juste valeur.

La tâche peut sembler colossale, mais réjouissons-nous : de plus en plus d’athlètes s’y attaquent avec une énergie contagieuse, et plusieurs d’entre eux sont canadiens. Ils réclament du changement! À présent, la balle est dans le camp du CIO : soit il fait partie de la solution, soit les Jeux olympiques deviennent chose du passé, remplacés par un nouveau rendez-vous sportif international.