C’est LE MOMENT de se tenir debout pour un sport sain...

15 juillet 2016

Le ton semble mélodramatique, mais l’intégrité du sport international est en jeu.

Lundi, Richard McLaren, arbitre canadien et professeur de droit respecté, rendra publiques les conclusions d’une grande enquête à laquelle le système antidopage de la Russie a été soumis. Cette dernière fait suite à un rapport choquant publié plus tôt cette année par l’Agence mondiale antidopage (AMA) portant sur la tricherie systématique des athlètes d’athlétisme russes.

Si le rapport de monsieur McLaren corrobore les allégations formulées par le professeur Grigory Rodchenkov dans l’entrevue qu’il a accordée au NY Times, il amènera une preuve irréfutable que le gouvernement russe, par le biais de son ministère des Sports, a couvert délibérément la présence de substances interdites dans les échantillons des athlètes au laboratoire de Moscou depuis 2011, incluant les Jeux d’hiver de 2014 à Sochi.

Son rapport pourrait dresser un portrait sans précédent de corruption appuyée par un État et de subversion du système antidopage. 

Il s’agit d’un moment déterminant pour le sport international.

Si le rapport de lundi confirme les allégations du professeur Rodchenkov, le Comité international olympique (CIO) n’aura d’autre choix que de bannir tous les athlètes russes des Jeux olympiques d’été de 2016 à Rio. Et il devrait en être de même pour le contingent russe pour les Jeux paralympiques en septembre.

Dans une page en regard de l’éditorial publié le 10 juillet 2016 dans le USA Today, Thomas Bac, président du CIO, a laissé présager les conclusions du rapport et la gravité de la réaction du CIO : « Si l’enquête révèle que les allégations sont vraies, elle donnerait une nouvelle dimension choquante au dopage avec, jusqu’à présent, un taux de criminalité inégalé. »

Il ne fait aucun doute que l’enjeu dépasse la nature éthique. La Charte olympique donne le droit au CIO de suspendre tout comité national olympique s’il est prouvé que la tricherie est systématique. Si le rapport de monsieur McLaren fournit de telles preuves, et si le CIO espère rétablir la confiance du public envers les valeurs olympiques et redonner la confiance aux athlètes qui ne se dopent pas, il doit suspendre le Comité olympique russe et empêcher qu’une de ses équipes participe aux Jeux à Rio.

La façon dont le CIO gérera ce cas déterminera l’héritage des Jeux olympiques. Sa décision sera la décision de la direction actuelle du CIO dont nous nous souviendrons longtemps.

S’il fallait choisir un moment pour défendre le sport sain, ce serait maintenant.

À titre de fervente défenseure inébranlable de l’esprit sportif et du sport axé sur des valeurs, la voix du Canada doit continuer à se faire entendre. Le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES) travaille en étroite collaboration avec d’autres principales organisations antidopage et des athlètes qui ne se dopent pas aux quatre coins de la planète pour s’assurer que le message à envoyer au CIO et au Comité international paralympique (CIP) est clair : si des preuves concrètes et irréfutables démontrent que le système sportif russe a au recours à des pratiques délibérées et malhonnêtes, une sanction doit être imposée selon l’AMA et la Charte olympique.

Les athlètes qui ne se dopent pas du monde entier ont vu leur confiance ébranlée. L’action décisive et axée sur des règles du CIO selon les conclusions présentées lundi dans le rapport de monsieur McLaren pourrait grandement aider à rétablir la confiance des athlètes qui ne se dopent pas. Sous une telle surveillance étroite, le CIO prendra-t-il la bonne décision?