Jusqu’à quel point trop est-ce trop?

24 juillet 2012

Les Jeux olympiques et paralympiques de Londres approchent à grands pas et certains remettent en doute le montant d’argent alloué à la lutte contre le dopage lors des Jeux. La question est légitime, surtout en cette période où l’économie mondiale est instable et les autorités publiques internationales soutiennent financièrement la majorité des efforts déployés afin d’éliminer le dopage pendant les Jeux et tout au long de l’année.

Pour répondre à cette question, vous devez tenir compte des enjeux et de la valeur de l’argent ou du rendement du capital investi (RCI) qu’entraînent les efforts antidopage. Le Tour de France, la Ligue majeure de baseball, l’Association internationale des Fédérations d’athlétisme (AIFA), voire toute activité commerciale de l’industrie du sport, pourraient probablement répondre que les enjeux sont d’ordre financier. Évidemment, le montant serait astronomique. Toutefois, nous avons appris que la santé économique d’un sport et les commanditaires qui réalisent des profits considérables pour leurs actionnaires ne constituent pas les seuls enjeux. Si le dopage n’est pas pris au sérieux et éliminé à tous les niveaux de sport, la santé publique deviendra un cauchemar.

C’est bien de suggérer que les sportifs élite adultes prennent des risques et que les substances et les méthodes de dopage représentent un autre risque qu’ils pourraient prendre s’ils le désiraient. Le problème de cette logique est le suivant. La grande majorité, et ici je fais référence à la très grande majorité des athlètes de ce calibre, ne veut pas jouer à la roulette russe avec sa vie. Ces athlètes ne veulent pas courir le risque de mourir afin de remporter une médaille d’or ou de conclure un contrat professionnel. Cependant, si personne ne régit l’utilisation de ces substances et de ces méthodes, alors cette grande majorité des athlètes qui veut prendre part à des compétitions sans se droguer a l’impression qu’elle n’a pas le choix : ces athlètes doivent se droguer pour respecter les règles de jeu équitables. Leur sens inné en matière d’équité leur dit qu’ils doivent se droguer ou abandonner le sport.

Alors, approfondissons le sujet. La majorité des athlètes utilise actuellement toutes sortes de substances et de méthodes reconnues comme étant nocives pour la santé et nos enfants les observent et les imitent. Nous avons maintenant de jeunes enfants qui ne possèdent pas les bons outils pour évaluer les risques et prendre des décisions éclairées et qui utilisent ces substances et ces méthodes, car leur héros le fait. Nous faisons donc face à un problème de santé publique de proportion épidémique.

Quels sont les enjeux? Dans le premier cas, les gens délaissent les sports qui refusent de prendre le problème de dopage au sérieux et de le régler. Les partisans cessent de regarder et les parents n’inscrivent plus leurs enfants. En fin de compte, leur sport est en danger de mort ainsi que tout l’argent que leur sport leur permet de faire. Alors où est le RCI découlant de nos efforts visant à éliminer le dopage? Nous pourrions tout simplement jeter un coup d’œil aux milliards que les activités du Comité international olympique (CIO) génèrent pour lui et pour ses actionnaires. Environ 30 millions de dollars canadiens seront investis dans la lutte contre le dopage lors des Jeux olympiques et paralympiques de Londres. Ce montant se compare-t-il aux milliards de dollars que le CIO obtiendra? Selon moi, c’est un excellent RCI! Et si nous comparions les frais que la Ligue majeure de baseball a déboursés pour lutter contre le dopage et la masse salariale des Yankees de New York? Il est important de souligner que l’argent que le sport génère pour ses propriétaires est bien protégé par le modeste montant investi dans la lutte contre le dopage.

Toutefois, surtout, la santé et le bien-être de nos enfants sont en danger. Quel prix sommes-nous prêts à payer pour les protéger?